Après la mort du père, l’impossible confrontation entre un fils et sa mère : deux mondes qui s’opposent sans pouvoir se séparer. Deux comédiens magnifiques de justesse interprètent cette sensible adaptation d’un essai autobiographique de Didier Eribon. Un dialogue intime et bouleversant.
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Au lendemain de la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d¹origine avec lequel il a coupé les ponts. Pendant trente ans, il n’a pas donné de nouvelles. Le décès du père est l’occasion de retrouver sa mère. Un dialogue d’une rare densité s’ébauche entre ce fils d¹ouvrier devenu sociologue qui, parce qu’il aime les garçons, s’est toujours senti « un étranger chez soi », et sa mère issue d’une classe ouvrière avec laquelle il a rompu. Les blessures secrètes ressortent.
L’essai du philosophe, dans la subtile adaptation de Laurent Hatat, devient une pièce âpre et sensible. Un plateau nu, une table, quelques chaises, deux petites malles. La mise en scène est belle car elle est simple, concentrée sur la direction des comédiens. Antoine Mathieu et Sylvie Debrun incarnent avec justesse le fils et la mère à vif, qui aujourd’hui comme hier ont du mal à se parler... Le comédien reste sur le fil de l’émotion, un brin caustique quand il part dans ses développements sociologiques. Sylvie Debrun est remarquable de dignité, de tendresse bridée et de colère froide contre elle même, contre son destin.
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photos Simon Gosselin
La presse
Du livre émouvant écrit en 2009 par le sociologue et philosophe Didier Eribon, spécialiste de Michel Foucault et proche de Pierre Bourdieu, le metteur en scène Laurent Hatat a tiré un spectacle sensible et intelligent. Il y navigue entre deux pôles : le difficile retour vers « la misère ouvrière » d’un homme qui l’a fuie à l’âge de 20 ans pour construire son existence et vivre une orientation sexuelle différente, et l’analyse brillante et minutieuse des pesanteurs de l’appartenance sociale. Bouleversant d’entendre le fils dire à quel point il s’est toujours vécu comme « illégitime » partout. Et de le voir réaliser le sacrifice de sa mère, retournée à l’usine pour lui permettre d’étudier. La relation à l’école est bien le noeud cruel de ce Retour à Reims. Le retour sur soi d’un philosophe qui jusque-là avait préféré réfléchir à la « honte sexuelle » plutôt qu’à la « honte sociale ». Ce que le théâtre incarne ici avec force et simplicité.
Emmanuelle Bouchez. Télérama
Générique
avec
- Sylvie Debrun
- Antoine Mathieu
- texte publié aux éditions Fayard
- collaboration dramaturgique Laurent Caillon
- création lumière Anna Sauvage
- création son Antoine Reibre
- administration, production Véronique Felenbok
- production anima motrix, avec le soutien de la Maison des Métallos, la Région Nord-Pas-de-Calais et la DRAC Nord-Pas-de-Calais / Ministère de la Culture et de la Communication
durée 1h10
Dates
du mardi 24 au jeudi 26 mai / T400