Le texte de la pièce est publié aux éditions Théâtrales, dans le volume Théâtre Choisi V, Comédies crues
Traduction Laurence Sendrowicz
Comment trouver l’amour quand on est jeune, pauvre et surtout très très moche ? Yakich cherche en vain un remède à sa solitude… Poupatchée aussi ! Leurs familles espèrent les unir pour le meilleur sans le pire, dans une équipée sauvage ponctuée de chansons, courses, et danses échevelées. Après le succès de Yaacobi et Leidental, le directeur du NTA retrouve avec jubilation le grand auteur israélien Hanokh Levin.
Voglio Una Donna !
Levin écrit ici l’odyssée vertigineuse et catastrophique du pauvre désir, confronté à toutes ces forces qui le dépassent et l’épuisent : pulsions, rêves, fantasmes, obligation reproductrice, langueur matrimoniale, poids du père, exaspération de toutes les mères, fringants beaux-frères, marieurs intempestifs. Comment peut-il survivre à tant d’embûches ?
Yakich et Poupatchée sont deux êtres jeunes, laids et pauvres, et donc seuls et désespérant de trouver partenaire. Mais comment faire quand on est jeune, laid et pauvre ? Un marieur astucieux et deux familles aussi peu avenantes que scrupuleuses penseront résoudre l’humaine équation en les accouplant. Mais comment se résigner à son semblable quand tout en vous aspire à la beauté et à autre chose qu’à vous-même ? Comment peut-on se contenter de l’autre, et par là de nous-même ? De notre faiblesse, de notre laideur, de notre étrangeté, de notre solitude…
Levin féconde avec ce texte cruel, cru et capricieux un joyeux monstre théâtral, dont le destin principal est d’éprouver la question amoureuse au fil des situations : rencontre, conquête de l’autre, rejet, abandon, acceptation, résignation. Si ce n’est que la « laideur » des protagonistes culbute et chavire sans cesse nos attentes quant à ses « heureux » évènements.
Yakich et Poupatchée est une course-poursuite nocturne, vaine, désespérément circulaire, irrémédiablement provinciale qui nous entraîne dans une contrée imaginaire, de Platchki en Ploutchki. Les onze protagonistes de cette fable cherchent incurablement la vie, de mariage en enterrement, d’une gare à l’autre, d’un bordel à un château pour finir dans un terrain vague : "On est arrivé au centre de la vie nocturne du centre du monde ?"
Tous les êtres de cette fable rêveuse, bouffonne, irréparablement laids, courent hors d’haleine après ou devant le sempiternel impératif : "Croissez et multipliez !".
Chanson :
Voilà que la nuit est tombée
Et derrière les volets baissés
La mère se penche sur son enfant
L’enfant la trouve belle sa mère
Car il n’en a pas d’autre, de mère !
Après Yaacobi et Leidental, créé à Angers en 2008 et qui a tourné dans la France entière, notre projet est de retrouver sur une grande forme le dramaturge israélien le plus fécond et le plus inspiré du XXe siècle, pour fabriquer avec lui l’aventure ludique, lyrique et dérisoire du désir.
Nous allons, en compagnie de Sophie Pérez et Xavier Boussiron (scénographie et costumes), construire cet objet théâtral insolite : un conte contemporain grotesque et féerique où se croisent, au gré de son voyage, prostituée fellinienne, princesse muette et éthérée, revenant, baron fantôme.
Cette fresque est ponctuée de chansons, courses, et danses pour réaliser un ouvrage de tendresse qui donne son sens et son humeur à la comique tragédie de l’existence.
Hanokh Levin, auteur, mais aussi traducteur, était un fin connaisseur des grandes dramaturgies occidentales, dont celle de Molière. Il ne cesse de questionner concrètement l’écriture dramatique, d’expérimenter de nouveaux mélanges (prose, chansons, cabaret, ballets…).
Il façonne une écriture aussi païenne, crue que sentimentale, lyrique, trouvant ses lignées et ses cousinages tant chez Boccace ou Gogol, que chez Fellini ou Philip Roth pour exposer notre humaine gourmandise dans ses métamorphoses bouffonnes, indigestes ou poétiques. C’est un spectacle pour onze comédiennes et comédiens, beaucoup de musique, pas mal de bruit et de cascade, du théâtre grand format imaginaire.
[/ Frédéric Bélier-Garcia /]
À voir !
Extrait
Yakich : Vous n’avez rien de mieux à faire que de me regarder ? Vous n’avez jamais vu un échec ? Des témoins, toujours des témoins ! Dès qu’il y a un échec, il y a un témoin ! (Un homme chie dans son froc sur la lune – Hop tu peux être sûr de voir débarquer un photographe ! ) A croire que chacun de nous n’a été créé que pour servir de témoin à l’humiliation de son prochain.
Hanokh Levin. Yakich et Poupatchée _ Éditions Théâtrales
in Théâtre Choisi V, Comédies crues
Le texte de la pièce est publié aux éditions Théâtrales, dans le volume Théâtre Choisi V, Comédies crues.
Générique
- Traduction Laurence Sendrowicz,
- Scénographie Sophie Perez assistée de Xavier Boussiron,
Assistante à la mise en scène Magali Thomas,
Costumes Corinne Petitpierre et Sophie Perez,
Lumières Jean-Luc Chanonat,
Musique Bernard Valléry,
Chansons Reinhardt Wagner,
Avec
Evelyne El Garby Klai,
Denis Fouquereau,
Jan Hammenecker,
Ophélia Kolb,
Alexis Lameda Waksman,
Ged Marlon,
David Migeot,
Christine Pignet,
Afra Waldhör
Technique Lucie Guilpin, Jean-Christophe Bellier, Vincent Bedouet,
Arnaud Olivier, Gabriel Boué, Jocelyn Davière,
Technicien en jeu Jean-Pierre Prud’homme
Production Nouveau Théâtre d’Angers - Centre dramatique national Pays de la Loire
Durée 2h
Date
- Vendredi 12 au jeudi 25 novembre 2010 (relâche les 14, 15 et 22) / T900
- lundi 21 et mardi 22 mars 2011 / T900
- du mardi au mercredi 19:30
- du jeudi au samedi 20:30
- dimanche 16h00