Comment mettre en scène la pièce de Thomas Bernhard, Minetti, en bunraku, théâtre de marionnettes japonais ? Fanny de Chaillé s’improvise metteur en scène japonais et signe un spectacle brillant où danse, théâtre et marionnettes humaines se répondent, dans un vertigineux abîme.
Fanny de Chaillé s’intéresse avant tout à la langue, aux espaces qui se trament à travers elle, cachés derrière des aspects prêts à l’emploi et ses images dramatiques stéréotypées. Un travail qu’elle a initié – sans souci du genre artistique : théâtre, danse ou performance. Avec un comédien et
quatre danseurs, elle est partie du récit et a choisi le bunraku pour mettre en oeuvre un nouveau type de narration, en s’appuyant sur ce qui le définit : la déconstruction de l’illusion théâtrale. Dans le bunraku, forme traditionnelle japonaise, trois manipulateurs animent chacun un membre d’une même marionnette. C’est un type de théâtre dans lequel de grandes marionnettes (quasiment à taille humaine) sont manipulées à vue. Le récitant du texte, tout comme le musicien, est retranché en bord de scène. Ce qui intéresse Fanny de Chaillé, ce n’est pas tant le travail de manipulation des marionnettes mais son organisation : structurellement, on voit sur scène et la fabrication du théâtre et le théâtre lui-même, le geste et l’acte, le travail et son accomplissement, fruit d’un travail collectif.
Ici, la marionnette n’est pas une poupée mais un danseur de chair et d’os. Le musicien ne joue pas du shamizen mais du ukulélé. Le récitant ne raconte pas une histoire légendaire mais reprend Minetti, le célèbre texte de Thomas Bernhard, où ce vieil acteur solitaire veut, le soir de la Saint-Sylvestre, jouer Lear comme il le faisait il y a trente ans. Rêverie d’un Japon fantasmé, Je suis un metteur en scène japonais renverse la perspective traditionnelle du récit et emmène le spectateur dans un voyage drôle et décalé.
Générique
- Texte Minetti de Thomas Bernhard
- Traduction Claude Porcell (l’Arche Editeur)
- Avec Guillaume Bailliart (acteur), Christine Bombal, Christophe Ives, Olivier Normand, Tamar Shelef (danseurs)
- Musique Manuel Coursin
- Lumières Yannick Fouassier
- Dispositif scénographique et costumes Nadia Lauro
- Régie générale Juliette Rudent-Gili
Date
- Jeudi 24 et vendredi 25 mai 2012 à 20h30 - T400
- Durée 1h