Autour de Jacques Derrida
Une proposition de la Cie « J’ai ! »
coordination Guillaume Rannou
Une histoire de chaussures… C’est un vrai roman policier qui est à la source du travail collectif que proposent Guillaume Rannou et la compagnie « J’ai ! », à partir de l’ouvrage de Jacques Derrida, Restitutions - de la vérité en pointure…
En 1886, Van Gogh peint une paire de chaussures.
En 1935, Heidegger écrit un texte Qu’est-ce qu’une œuvre d’art où il décrit le tableau de Van Gogh représentant deux chaussures, exposé au Musée d’Amsterdam, des « chaussures de paysan ».
En 1968, Meyer Shapiro, historien de l’art exilé à New York s’insurge contre Heidegger : il considère que ce sont les propres chaussures de Van Gogh. Selon lui, la nature morte est un auto-portrait donc les chaussures représentent Van Gogh lui-même.
En 1977, la revue Macula édite un numéro spécial chaussures. On commande à Jacques Derrida un article sur cette polémique. Il hésite en écrivant un dialogue qui finit par faire 180 pages.
La Compagnie « J’ai ! » a eu l’idée de mettre ces quatre éléments en abyme : le tableau, le texte de Heidegger, celui de Shapiro, et celui de Derrida : « On essaie d’en faire un spectacle et d’y ajouter notre propre restitution, précise Guillaume Rannou. Ce n’est pas une adaptation. Nous avont fait aussi notre propre enquête policière. Nous étions obligés d’aller voir le tableau à Amsterdam. Après avoir correspondu avec le conservateur, nous arrivons au musée à 18h, mais le tableau n’est pas là… On nous répond : il est dans les réserves ! Si bien qu’on n’a aucune preuve de l’existence du tableau. Cela fait partie du spectacle… C’est une histoire de mouvement. La chaussure est un symbole très fort.
On raconte notre voyage dans ce bouquin, le tableau est comme une carte routière et les pages du livre la feuille de route. Derrida a créé ce texte à New York, il a fait un séminaire en 1978 à Columbia, et donné la première partie du texte. On travaille sur la trace de Derrida : on sait par son journal qu’un jour avant il s’est pété le pied, car il est venu en skate board… ça ne s’invente pas ! Nous avons même rencontré un podologue qui nous a affirmé que les chaussures du tableau représentaient deux pieds gauches. »
L’équipe se lance à nouveau à la poursuite de ce tableau et de cette étrange querelle de restitution. Une première phase de ce travail a été créée à Lorient et Dijon. Le Work in progress se poursuit à Angers.
La vérité en pointure. Un spectacle de Stéphanie Farison, Guillaume Rannou, Juliette Rudent-Gili, Martin Selze
La compagnie J’ai !
Après des études à Angers, Guillaume Rannou rejoint le Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris. Il co-fonde la compagnie de théâtre de rue Éclat Immédiat et Durable (1993-2001).
Suite à la création du spectacle J’ai ! en 2007, un essai dramatique sur le thème du rugby, Guillaume Rannou fonde avec Juliette Rudent-Gili et Juliette Wagman la compagnie « J’ai ! ».
Cette même compagnie crée Essai/Transformation en 2009 et La vérité en pointure en 2011.
- jeudi 21 mars 2013 à 18h30 et 21h