“Un peuple n’a qu’un ennemi dangereux, c’est son gouvernement”
(Saint-Just)
Nouvelle création collective de d’ores et déjà, où l’écriture scénique est fondée sur l’engagement individuel des onze acteurs et six techniciens, Notre Terreur a comme sources, les procès-verbaux des séances de la Convention, des historiens du XIXe siècle, des poètes du XXe – Bertolt Brecht et Heiner Müller... Au centre, la chronique des dernières heures de Robespierre, héros incorruptible pour les uns, tyran sanguinaire pour les autres. Entre son dernier discours de la Convention et la place de la Révolution où il est sommairement exécuté le lendemain, aux côtés de son frère et vingt de ses partisans, c’est le destin de la République qui bascule.
Qu’est-ce que la Terreur ? Quel sillon laisse dans notre présent l’idéal de démocratie et de pureté des hommes de quatre-vingt-treize ? Comment regardons-nous cette “scène primitive” de la légende révolutionnaire ? A-t-elle un avenir
Alternatifs et pourtant attachés aux utopies fondatrices du théâtre public, Sylvain Creuzevault et ses camarades revendiquent l’expérience et la recherche avec la fougue, l’esthétique et les codes d’une nouvelle génération. Leur projet ici : interroger la question du pouvoir dans la révolution française mais aussi au cœur du théâtre, de la création de l’idée même de compagnie… Coproduit par le NTA, Notre terreur a fait l’objet d’une longue résidence de création dans la scène de répétition du Quai en avril 2009.
Des défricheurs inspirés
En 1998, Louis Garrel, Sylvain Creuzevault, Arthur Igual et Damien Mongin, lycéens des établissements Fénelon et Claude Monet, se retrouvent à la terrasse d’un café. Ils vont bientôt passer le bac, mais surtout ils sont en option théâtre, passionnés, et se disent qu’un jour, ils fonderont leur compagnie. Les quatre mousquetaires prennent des chemins divers.
Sylvain devient élève au Studio-Théâtre d’Asnières dirigé par Jean-Louis Martin-Barbaz. Louis Garrel commence à tourner au cinéma, Damien Mongin travaille au CNSAD…
C’est en 2002 que les quatre amis se retrouvent et fondent D’ores et déjà : la compagnie sera libre et expérimentale, basée sur un principe coopératif, où chacun peut être, selon les désirs et les spectacles, acteur, auteur ou metteur en scène. Ils n’ont pas un sou et décident de fonctionner comme une coopérative. Après Les mains bleues de Larry Tremblay, le groupe se retrouve à nouveau pour Visages de feu, une pièce incendiaire de Marius von Mayenburg. La réputation de la troupe “underground” grandit. Ils sont invités avec Foetus au Festival Berthier 06 organisé par l’Odéon. Le Festival d’Automne les invite à jouer Baal de Brecht. Louis Garrel est de la distribution, la couverture médiatique gonfle avec la présence de cette jeune icône du cinéma. Mais c’est bien un collectif qui se déploie sous l’oeil en alerte de Creuzevault ; musique, chants, voix, corps, gestes viennent envahir
l’espace pour donner un appui supplémentaire aux mots, aussi poétiques que sanglants.
Le Schauspielhaus de Hambourg commande à Sylvain Creuzevault une mise en scène de La mission de Heiner Müller pour l’automne 2008. Puis la compagnie s’attelle à un nouveau projet. Une création collective à dix comédiens, née d’improvisation. Sur le thème du dîner familial, Le Père Tralalère, (accueilli en 2009 au NTA) marque une charnière dans
le parcours de ces acteurs défricheurs.
Les D’ores et déjà caressent désormais le rêve d’une installation, ils cherchent leur « Cartoucherie ». Cela rappelle un peu l’utopie des troupes pionnières des années 70. On retrouve le même souci de la démarche collective, d’une création qui prend le temps de se questionner et qui refuse la standardisation artistique. Est-ce donc un hasard si, 40 ans après la création des fabuleux 1789 et 1793 du Théâtre du Soleil, animé par Ariane Mnouckhine, Creuzevault et ses camarades s’interrogent de nouveau sur la Révolution française ? Comme le rêvait Saint-Just « La Révolution doit-elle s’arrêter à la perfection du bonheur ? »
avec
Samuel Achache, Cyril Anrep, Benoit Carré, Antoine Cegarra, Éric Charon, Sylvain Creuzevault, Pierre Devérines, Vladislav Galard, Lionel Gonzalez, Arthur Igual, Léo-Antonin Lutinier - costumes Pauline Kieffer, scénographie Julia Kravtsova, marionnettes et masques Joseph Lapostolle et Loïc Nébréda, lumière Vyara Stefanova - production d’ores et déjà, La Colline - théâtre national, Festival d’Automne à Paris, Nouveau Théâtre d’Angers - Centre dramatique national Pays de la Loire, Célestins - Théâtre de Lyon, Culturgest – Lisbonne, avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
dans le cadre de sa coproduction avec le Nouveau Théâtre d’Angers, le spectacle a fait l’objet d’une résidence de création
mercredi 17 au jeudi 25 mars
T400
Rencontre avec l’équipe artistique mercredi 24 à l’issue de la représentation