Genre : Dramatique
Une proposition de Marie Gaultier / Collectif Piment
Devant moi, s’ouvre une page blanche. Décrire un projet dont l’objectif est d’arriver sans préparation. Jouer à… Chercher… 4 jours libres de travail sans objectif de rentabilité, de vente potentielle, de séduction du public. Revenir à la source même du théâtre : raconter et partager avec un public curieux ce qui nous traverse, nous hante, nous interroge.
Un exercice de grande liberté qui donne aussi le vertige du saut dans le vide sans filet. Le thème, je l’ai déjà choisi…
En dehors de l’acte de naissance établi en fonction du sexe de l’enfant, qu’est-ce qui différencie un garçon d’une fille ? Quels sont les codes que nous avons intégrés pour définir au premier coup d’oeil le sexe de l’interlocuteur ? La coupe de cheveux, les parures vestimentaires, le maquillage, les bijoux, les accessoires sont autant de signes distinctifs que chaque sexe s’évertue à montrer pour qu’il n’y ait aucune confusion des genres.
Mais qu’est-ce qui sous-tend ce désir de signifier son identité sexuelle ? Chez les enfants, comme chez les personnes âgées cette frontière est parfois très ténue. On pourrait donc en conclure que l’identité sexuelle s’affirme principalement pendant la vie active, et la période de reproduction d’un individu. Il pourrait donc s’avérer que ce besoin de se distinguer tient aux relations de travail et à la sexualité liée à l’enfantement.
Les enjeux sont donc le pouvoir et la reproduction. Une femme continue à être la personne qui met au monde les enfants. L’homme continue à être celui qui sait et impose, dans le monde politique et économique.
« L’illusion de l’égalité cache un abîme d’injustices quotidiennes que nous ne voulons plus voir. Et où chacun joue un rôle ».
Les femmes ont longtemps été refusées sur les scènes de théâtre. Seuls les hommes jouaient, même s’ils étaient travestis en femme. Aujourd’hui, les spectacles continuent à privilégier la distribution masculine, alors que le nombre de comédiennes est plus important. Parallèlement, l’histoire du théâtre sans doute marquée par le cinéma est de plus en plus réaliste : les comédiens sont embauchés en fonction du sexe, et de l’âge, conformément au rôle proposé. Nous assistons
donc à une diminution du travestissement, des métamorphoses sur la scène où
tout est pourtant possible si on y croit. Les jeux de dupes sont fréquents dans le théâtre de Shakespeare, Marivaux et de tant d’autres.
Pour renouer avec cette tradition, c’est dans cette direction que nous œuvrerons pendant 4 jours avant de présenter notre travail.
Ce projet sera créé en association avec Christine Bard, professeure en histoire, spécialiste de l’histoire des femmes, et Valérie Brunetière, sémiologue et linguiste. Dans cette aventure, s’embarqueront Claudine Lacroutz, Christine Lhôte, Benjamin Tudoux, Olivier Algourdin et Ludovic Falcon, avec l’aide précieuse d’Olivier Messager pour la voix.
Marie Gaultier
Marie Gaultier
Après une formation au Conservatoire National de Région d’Angers sous la direction de Yannick Renaud, Marie Gaultier collabore notamment avec le Conservatoire de Cholet, le Musée des Beaux-Arts d’Angers, le Nouveau Théâtre d’Angers, le théâtre de l’Echappée, les compagnies Patrick Cosnet, C’est-à-Dire, Transparence, CRUE, Exprime, A travers Champs, Lectures et Lecteurs, Okibu, Spectabilis, Pakapaze, Mêtis et Piment, Langue d’Oiseau.
Elle a notamment écrit et joué Souffler n’est pas jouer au grand Théâtre d’Angers, et a signé la mise en scène d’Ernestine écrit partout (Cie Mêtis) et Pièce montée (Cie Spectabilis).
En 2005, elle participe à la fondation du collectif Piment, Langue d’Oiseau avec laquelle elle tourne Nous, les filles, Omelette, Le Hurlement du
Papillon, et Parlons des pressions (2011). Elle co-réalise aussi deux court-métrages 9.6, et Traque dans lesquels elle joue.
- jeudi 29 novembre 2012 à 18h30 et 21h - Studio les Abattoirs