AUTOUR DU THEATRE DE BEAUMARCHAIS
Effleurons, modestement, le paradoxe que
présente Beaumarchais : monument de la
littérature française, homme des Lumières,
disciple actif de la révolution du genre
dramatique sérieux initiée par Diderot, auteur
de trois drames et d’un essai sur la question, la
postérité ne retient souvent de lui que son «
Barbier » et son « Mariage », ses deux seules «
comédies gaies ». Et pour Le Barbier de
Séville, Rossini est passé par là. Même dans les
têtes les mieux faites s’effacent parfois les
traits de la vive et menue pièce des origines,
noyée dans les larges mouvements de l’opéra
homonyme. Ne reste guère que Le Mariage de
Figaro qui combat lui d’égal à égal « Les
Noces » mozartiennes… En France tout du
moins. Que reste-t-il d’ Eugénie, des Deux
Amis, de La Mère coupable… réputées
injouables ? On ne les joue pas.
A cet instant, la modestie annoncée en
préambule doit prendre le pas : nous ne
trancherons pas la question d’une injustice
faite ou non à Beaumarchais avec un atelier de
trois petites semaines. Mais nous pourrons
effleurer le paradoxe. Voilà qui est plus
amusant. Au plateau, concrètement,
interrogeons-nous sur ce qui demeure et sur ce
qui meurt de l’auteur des débuts dans les deux
comédies. Creusons pour voir ce qui perce
réellement des Lumières dans les projetsd’émancipation (s) de certains personnages.
Concrètement, je proposerai un choix de scènes
dans 4 de ses 5 pièces : Eugénie, la toute
première (1766), un drame, puis dans les trois
volets de la trilogie figaresque Le Barbier de
Séville (1775), Le Mariage de Figaro (1778) et
pour finir La Mère coupable (1791), sa
dernière pièce, encore un drame. Nous nous
concentrerons sur deux figures, celle de la
victime « Eugénie/Rosine » et celle du sauveur
aliéné malgré lui, Figaro. Encadrer la prose gaie
de Beaumarchais avec celle de son premier et
de son dernier drames, c’est tenter de le
mettre dans les feux croisés de Diderot et
Lessing.
C’est surtout mettre à l’épreuve sa modernité,
pas pour son siècle, elle est acquise, mais pour
le nôtre, pour notre plateau, aujourd’hui.
LAURENT HATAT
Né à Reims, Laurent Hatat participe à
l’aventure du théâtre universitaire puis suit
dans le même temps une formation de comédien
à Paris et les cours de l’Institut d’Etude
Théâtrale de la Sorbonne Nouvelle.
Rapidement, il joue au sein de la compagnie
Renaud Barrault puis sous la direction d’Olivier
Py, Sylvain Maurice, Agathe Alexis…
Lauréat en 2001 de l’Unité Nomade de
Formation à la Mise en Scène du Conservatoire
National Supérieur de Paris, il a étudié avec
Krystian Lupa et Jacques Lassalle.
En 1999, à la Comédie de Béthune (CDN), il
signe la mise en scène de Grand Cahier d’après
Agota Kristof. Ce sera la première création de
sa compagnie anima motrix. Il est
successivement artiste associé à l’Hippodrome,
scène nationale de Douai, au Nouveau Théâtre
de Besançon (CDN) et au Théâtre de la
Commune à Aubervilliers (CDN) et,
actuellement, au Théâtre du Nord
Entre 2000 et 2007, il met en scène pas moins
de dix spectacles, dont Histoire d’amour
(dernier chapitre) de Jean-Luc Lagarce (2002),
Moitié Moitié de Daniel Keene (2003), Dehors
devant la porte de Wolfgang Borchert (2004),
Dissident il va sans dire de Michel Vinaver
(2007).
Au Théâtre du Nord, il crée en mars 2008
Nathan le sage de G. E. Lessing qui sera repris
en tournée sur la saison 2009/2010 et travaille
sur un projet de création 2010, La Précaution
Inutile ou Le Barbier de Séville de M. de
Beaumarchais.
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
ANGERS PAYS DE LA LOIRE
ATELIER DE FORMATION n° 77
Dirigé par LAURENT HATAT
12 au 26 mars 2009 (sauf 17, 23 et 24 mars)
Date limite d’inscription : 25 février 2009