Des êtres cherchent à retenir les promesses de l’enfance, dans l’amour ou par l’art… Garder vivant, en eux, le cadeau des espérances premières, du temps des possibles. On annonce une comédie, une tragédie survient. La Mouette est un regret furieux de la vie. Les personnages semblent y attendre une fête qui n’a pas eu lieu. Frédéric Bélier-Garcia met en scène ce grand cabaret de l’existence, qui marque le retour au théâtre de Nicole Garcia.
« Une comédie avec quatre rôles de femmes et six rôles d’hommes, quatre actes, un paysage (un lac) ; beaucoup de discours sur la littérature et l’art, peu d’action, cinq tonnes d’amour. » C’est ainsi que Tchekhov résumait La Mouette (en russe Tchaïka), la première de ses quatre pièces les plus connues – Oncle Vania (1899), Les trois sœurs (1900), La Cerisaie (1904). Avant de devenir une pièce emblématique du théâtre russe, La Mouette fut un four lors de sa création en octobre 1896 à Saint-Petersbourg. Il fallut attendre Stanislavski et la reprise au Théâtre d’Art de Moscou, deux ans plus tard, pour que le public lui fasse un bel accueil.
La pièce se déroule dans la propriété de Sorine, ancien conseiller d’Etat. Sa sœur Arkadina, une actrice connue et imbue d’elle-même, y séjourne avec son amant, Trigorine, un écrivain à la mode. Arkadina méprise le travail de son fils, Constantin Treplev, écrivain d’avant-garde, qui vit auprès de son oncle. Chamraiev. l’intendant du domaine, réside là avec sa femme, Paulina et sa fille Macha. Il y a là aussi Dorn, un médecin en retraite, qui veille sur la santé du groupe. De l’amour, il y en a beaucoup, mais il n’est jamais réciproque : Medvedenko, l’instituteur, est amoureux de Macha qui aime Treplev, qui n’a d’yeux que pour Nina, fille de riche propriétaire, qui rêve de devenir actrice.
« Dans La Mouette, le rêve est toujours au plus proche, prêt à emporter chaque être vers le meilleur, note Frédéric Bélier-Garcia, mais les personnages, comme de grands oiseaux incapables de voler, demeurent dans ce décor, dans ce théâtre, qui flétrit sur eux, en eux, au fil des actes et des années.
Tchekhov compose avec La Mouette un grand cabaret de l’existence, chaque personnage y va de son numéro. Chacun essaie d’être aimable, de faire l’aimable, tandis qu’au plus profond de lui ahane la panique d’exister qu’on essaie de faire taire en babillant, braillant, chantant. Comme cet enfant qui, obligé d’aller chercher quelque chose à la cave, chante pour disperser les fantômes et les peurs.
Raconter La Mouette, c’est mettre en acte cette grande bataille immobile qu’est la vie où tout est toujours « déjà plus » ou déjà « trop tard ». Chacun poursuit un amour, une ambition, un rêve qui se dérobe quand nous croyons le tenir. Joueurs maladroits, aussi riants que dramatiques, cherchant à capturer le charme évanouissant de l’existence. »
La pièce est un étonnant portrait de groupe, concret, sensible, humain. Annoncée comme une comédie, cette œuvre apparaît au fil de son déroulement comme une tragédie, cruelle et lumineuse à la fois. C’est dans leur dénuement intime que les personnages souffrent de leur passion ou de leurs ambitions, que ces êtres déchirés sont confrontés à leur fantôme.
Au travers du « quatuor artistique » Arkadina-Nina-Treplev-Trigone, la pièce questionne le statut des artistes et l’art, et plus précisément l’art théâtral. Nina, Arkadina, Treplev, Trigorine comptent parmi les plus beaux rôles du répertoire mondial. Nicole Garcia qui a déjà interprété Tchekhov dans Oncle Vania fait son retour au théâtre dans le rôle d’Arkadina.
C’est dans le texte français d’Antoine Vitez que Frédéric Bélier-Garcia a choisi de présenter au Nouveau Théâtre d’Angers cette œuvre universelle.
À voir !
Extrait
NINA – Votre pièce est difficile à jouer. Il n’y a pas de personnages vivants.
TREPLEV – Des personnages vivants. Il faut représenter la vie non pas telle qu’elle est, et non pas telle qu’elle doit être, mais telle qu’elle apparaît dans les rêves.
NINA – Votre pièce n’a pas beaucoup d’action, c’est une récitation seulement. Et pour moi, dans une pièce, il doit y avoir forcément de l’amour…
[/La Mouette, Acte 1/]
A voir
Voici le teaser de La Mouette réalisé par Cyriaque Blanchet, Marion Catrou et Alexis Gaujard, étudiants. Ce teaser a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Master 2 Nouvelles technologies numériques, conception, médiation et valorisation de produits culturels de l’ITBS de l’Université d’Angers.
Dans le cadre d’un partenariat entre le Nouveau Théâtre d’Angers et le Master Technologies numériques de l’ITBS de l’Université d’Angers, les étudiants (Jade de Vecchis, Daniel Bossard, Jia Qingyuan, Antoine Pétin, Yves Lherry Ininahaswe) ont réalisé cette vidéo-feuilleton autour du triangle amoureux Nina-Treplev-Macha.
Générique
- Avec : Nicole Garcia, Ophelia Kolb, Agnès Pontier, Brigitte Roüan, Éric Berger, Jan Hammenecker, Magne-Håvard Brekke, Michel Hermon, Manuel Le Lièvre, Stéphane Roger
- Scénographie : Sophie Perez
- Costumes : Catherine Leterrier et Sarah Leterrier
- Lumières : Roberto Venturi
- Collaboratrice artistique du metteur en scène : Valérie Nègre
- Son : André Serré
- Production : Nouveau Théâtre d’Angers - Centre Dramatique National Pays de la Loire
- Traduction : Antoine Vitez, éditions Actes Sud / Le Livre de poche
- Photos Marc Enguerand et Armelle Enguerand CDDS
Date
- Du mercredi 14 au samedi 24 novembre / T900
- Lundi au mercredi 19h30
- jeudi et vendredi 20h30
- samedi 17 et 24 novembre à 17h
Jeudi 14 au lundi 18 février / Grand Théâtre
-
- jeudi, vendredi, samedi 20h30
- dimanche 16h
- lundi 19h30
Parcours commenté "Regards sur l’Art"
Un parcours commenté « Regards sur l’Art : quand les œuvres font le buzz ! »
Succès ou échecs ? Du 17e siècle à aujourd’hui, comment le public et la critique regardent-ils une œuvre ? Comment les artistes se confrontent-ils aux risques de l’exposition ?
En lien avec la pièce d’Anton Tchekhov, le parcours croise les points de vue sur la création artistique et la réception des œuvres.
- Musée des Beaux-Arts
samedi 9 février à 16h et dimanche 17 février à 11h
durée : 1h30 - Tarif : 5 € / 4 €
Réservation conseillée au 02.41.05.38.38 du lundi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 17h.
Rencontre autour de La Mouette
- samedi 16 février 2013
Programme à télécharger en bas de cette page
Lu dans la presse
Quelques extraits de la revue de presse sur La Mouette
**UNE MOUETTE ENCHANTERESSE
Metteur en scène de Tchekhov, Frédéric Bélier-Garcia dirige sa mère dans cette pièce toujours émouvante.( ..) Montée de façon réaliste par Frédéric Bélier-Garcia, la pièce de Tchekhov restitue magnifiquement la « petite musique » propre à l’auteur russe. Le directeur du Nouveau Théâtre d’Angers a recruté sa mère, Nicole Garcia, pour interpréter Arkadina. La comédienne effectue un retour flamboyant dans le rôle de cette coquette, égocentrique, pingre et hantée par le temps qui passe, (…) maladroite avec son fils, Constantin (remarquable Manuel Le Lièvre), qui attendra en vain sa reconnaissance.
Fluide et clair, le texte expose, sans pathos, les tourments des personnages dans le décor intimiste et astucieux de Sophie Perez et sur les musiques romantiques du compositeur anglais Edward Elgar. Pendant deux heures trente, on est émus et enchantés par ce « quintal d’amour » que voulait transmettre Tchekhov.
Nathalie Simon. Le Figaro
**ON Y COURT… / TCHEKHOV TOUJOURS
Ce n’est pas par hasard que le metteur en scène Frédéric Bélier-Garcia dirige sa mère dans ce grand rôle – plus altière qu’amazone – et confie son décor – un huis-clos hyper-réaliste – à Sophie Perez, par ailleurs turbulente auteur d’un Oncle Gourdin qui ne faisait pas dans la dentelle nostalgique.
Ici les adultes sont des monstres d’égoïsme, d’éternels adolescents rêveurs qui ne veulent pas céder la place. Toute la distribution est forte, insolite. Trigorine, l’amant d’Arkadina (Magne-Håvard Brekke) n’est pas un écrivain plein de suffisance mais un artiste vibrant, comme Nina (Ophelia Kolb), petite mouette qui finira grise, éteinte. Eric Berger, taillé pour les rôles de jeune premier, joue l’instituteur malheureux en amour. A rebours, Manuel Le Lièvre, applaudi d’ordinaire pour son tempérament comique, est un Treplev tout en énergie sourde et en élans de môme blessé. Une Mouette âpre et sensible.
Odile Quirot. Le Nouvel Observateur
**DU GRAND THÉÂTRE
Les comédiens Brigitte Roüan, Jan Hammenecker, Stéphane Roger ont une vraie présence. Manuel Le Lièvre (Treplev) ne semble rien laisser au hasard, orchestrant sa fin fatale ; Agnès Pontier en Macha porte avec grâce le deuil de sa vie ; Eric Berger donne, avec ses pas dansés, de l’éclat à l’instituteur Medvedenko. Quant à Nicole Garcia, actrice et mère du metteur en scène dans la vie, actrice et mère du dramaturge dans la pièce, elle tient son rôle en majesté.
Véronique Hotte. La Terrasse
**LA BELLE SURPRISE
L’incongruité de cette scénographie rend le spectacle extrêmement passionnant… Frédéric Bélier-Garcia a une qualité, c’est qu’il cherche, il n’hésite pas à se mettre en danger, à se bousculer de l’intérieur, et employer Sophie Perez et Xavier Boussiron pour la scénographie, c’est se remettre en question, ça veut dire qu’on fait intervenir sur son plateau des gens qui vont foutre le bazar, et ils foutent le bazar avec la scénographie, effectivement, je trouve qu’il a cette vertu-là, de continuer à chercher, de faire entrer l’altérité sur le plateau, et là, pour le coup, il a trouvé. C’est formidable. Le plaisir de Nicole Garcia à jouer est évident. C’est vraiment bien. Et les gens aiment. Je le félicite.
Joëlle Gayot. France-Culture
**LA MOUETTE, MÈRE ET FILS
S’emparant après bien d’autres de la « comédie » de Tchekhov, Frédéric Bélier-Garcia l’éclaire d’un regard nouveau, faisant interpréter par sa propre mère, Nicole Garcia, le rôle d’Arkadina, la mère de Treplev, le héros. Ce qu’il met en lumière, ce sont les troubles liens qui unissent des enfants à leurs parents, jusqu’à ligoter les destins. De la même façon s’éclairent les rapports entre deux personnages apparemment secondaires : Paulina, l’épouse mal mariée de l’intendant, et sa fille Macha, vouées, l’une comme l’autre, aux amours malheureuses…
Bien que ponctuée de musiques pour grand écran, la mise en scène ne s’écarte jamais de la banale chronique de la vie et des jours à la campagne. Avec leurs joies, leurs peines, leurs solitudes, et tous ces petits riens dérisoires ou comiques qui provoquent le rire du spectateur. Pourtant, c’est bien le vide et le mal d’être qui, insidieusement, courent de bout en bout. À la fois concrets et comme hors du temps, les comédiens incarnent leurs personnages avec une humanité touchante.
Didier Méreuze. La Croix
**DES ACCENTS SOMBRES
La mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia souligne cette opposition dissymétrique où les aspirations d’une jeunesse livrée à elle-même se heurtent au désintérêt des aînés. Nicole Garcia qui joue Arkadina, conserve tout au long de la pièce une neutralité condescendante. Les efforts de Treplev (Manuel Le Lièvre) pour obtenir un minimum de reconnaissance sont systématiquement déçus. De même Nina (Ophelia Kolb) se brûle les ailes à tenter sa chance dans un monde où, comme disait Nicolas de Chamfort, « il faut que le cœur se brise ou se bronze ». Comme si la société n’avait pas assez de place pour accueillir une nouvelle génération. Un horizon bouché qui donne à ce spectacle des accents particulièrement sombres.
Hugues Le Tanneur. Les Inrockuptibles
**UNE MOUETTE DE HAUT VOL
Inoubliable Arkadina, Nicole Garcia et ses neuf partenaires nous font ressentir les aspects les plus brûlants de l’humain dans le chef-d’œuvre de Tchekhov interprété au plus juste, comme une partition.
Il faut saluer l’ensemble de la distribution, en tout point judicieuse. Dans cette pièce chorale, les comédiens trouvent chacun leur place. On est constamment avec eux : le Treplev bouleversant de Manuel le Lièvre, la Nina d’Ophélia Kolb, la Macha de Brigitte Roüan, le Sorine de Michel Hermon conscient au soir de son existence de ne pas avoir vécu… Tous, vraiment, seraient à citer, pour ce beau souffle de vie emportant La Mouette haut, très haut.
Bertrand Guyomar. Le Courrier de l’Ouest
**LA MOUETTE DE TCHEKHOV S’ENVOLE AU QUAI
La pièce s’appuie sur une troupe de comédiens très homogène, une mise en scène habile de Frédéric Bélier-Garcia, le directeur du NTA, et un texte sur l’amour impossible.(…)
Dans la scène finale, à l’atmosphère extraordinaire, chacun jette ses dernières forces dans la bataille. “On ne peut pas se passer de théâtre”, martèle au début de la pièce l’ancien conseiller d’état Sorine (Michel Hermon). C’est encore plus vrai une fois qu’on a vu “ce grand cabaret de l’existence”.
Laurent Beauvallet. Ouest-France
Accessibilité
Spectacle en audiodescription le mercredi 21 novembre à 19h30
Soirée enfants
le samedi 17 novembre et le mardi 20 novembre
Tournée nationale
La pièce sera en tournée nationale de décembre 2012 à février 2013
- Nantes - Le Grand T (du 27 novembre au 5 décembre),
- La Roche-sur-Yon - Le Grand R - Scène nationale (10 et 11 décembre),
- Saint-Nazaire - Le Fanal - Scène nationale (13 et 14 décembre),
- Tours - Le Nouvel Olympia - Centre dramatique régional (17 au 21 décembre),
- La Rochelle - La Coursive (15 et 16 janvier),
- Marseille - Théâtre du Gymnase (22 au 26 janvier),
- Lyon - Théâtre des Célestins (30 janvier au 10 février).
Pièce démontée
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[Pièce démontée La Mouette]
À voir !
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NTA - Cahier 71 - La Mouette
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NTA - journée La Mouette
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NTA - revue de presse La Mouette
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NTA-dossier de présentation La Mouette
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