Nouveau Théâtre d’Angers-Centre dramatique national Pays de la Loire

Il y a quelque chose de pourri dans cette cour italienne où règnent la corruption, la lubricité, l’ambition, le meurtre et le poison… Trois intrigues machiavéliques se mêlent dans ce nid de vipères grouillant de personnages fourbes, tous trompeurs et trompés, obsédés par la vengeance… Fasciné par cette British tragedy, Jean-François Auguste met en scène ce diamant noir, si noir, si sanglant qu’il en devient drôle…

Le Duc a violé et empoisonné la fiancée de Vendice. Pour se venger, ce dernier s’introduit dans le palais, déguisé. La cour est agitée par le procès du fils de la Duchesse, jugé pour le meurtre et le viol de la femme du Seigneur Antonio. Le Duc fait emprisonner ce beau-fils encombrant. Mais ce n’est que le début… Trois vengeances vont s’enchevêtrer jusqu’à ce que le combat cesse faute de combattants… Avec tous ces cadavres, il s’agit bien d’une tragédie sur la mort.

« La tragédie du vengeur est depuis longtemps reconnue comme une œuvre dramatique donnant la réplique aux plus grands élisabéthains, notamment Shakespeare. Le thème de la vengeance est un pastiche de Hamlet. La pose macabre de Vendice avec le crâne de son aimée s’inspire d’une manière grotesque de la contemplation du crâne de Yorick par Hamlet.
La première qualité de l’œuvre de Thomas Middleton, c’est sa stupéfiante rapidité, poursuit Jean-François Auguste. Le départ de la pièce est foudroyant. En une cinquantaine de vers la corruption, le crime, et la soif de vengeance se déversent sur le plateau. L’univers baroque, la référence aux vanités, l’absurdité, l’atrocité et l’invraisemblance des situations viennent servir la puissance poétique de cette histoire.

Contrairement à ce qui se passe dans les habituelles tragédies de la vengeance, la pièce se focalise sur les atrocités du châtiment sanglant. C’est une œuvre au service des acteurs et des spectateurs. Aussi bien par sa structure (tout est action et jeu de rôle) que par ses thèmes (le pouvoir, l’argent, le sexe, la mort, l’absence de justice…). Un univers répugnant, diront certains, fascinant pour d’autres, mais il n’est guère d’atrocités théâtrales dont on ne puisse retrouver l’original dans le réel. Nous espérons pouvoir en rire… Happy people ! »

Pour mettre en scène cette Death party, les déguisements sont superflus. Cette pièce est une partition de mouvements, où l’organicité des passions est révélée par le corps. Chaque personnage sera identifié par un élément de costume d’une évidente théâtralité. Clin d’œil à l’époque élisabéthaine, chaque acteur jouera au minimum deux rôles, notamment des rôles de femme. Sur le plateau nu, quelques « vanités » viendront incarner la mort, personnage essentiel de La tragédie du vengeur, mais dans un esprit baroque, à la Damien Hirst et son crâne recouvert de diamants…

Comédien et metteur en scène, Jean-François Auguste est artiste en résidence permanente à la Ferme du Buisson avec sa compagnie For happy people & Co. Il a travaillé notamment en tant qu’acteur avec Joël Jouanneau, Jean-Baptiste Sastre, Pascal Rambert, Jan Fabre, le Théâtre des Lucioles… Il a mis en scène Norman Bates est-il ?, variation autour de Psychose de Hitchcock, co-mis en scène avec Marc Lainé ; Panier de singe d’après la B.D de Ruppert et Mulot ; Fragile (création collective) ; TenTaTive d’éTiremenT de l’insTant T ’(création collective) ; Happy people (création collective) ; Funny brain d’après des nouvelles de Virginie Marchand…

Thomas Middleton (1580-1627) est le rebelle de la Renaissance anglaise. Le public du 17e siècle adorait ses pièces qui parlaient de politique et d’argent dans un tumulte de violence et de sexe torride. On pourrait croire qu’elles ont été écrites hier…

À voir !